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Critiques-cinema
28 février 2007

LES CHAUSSONS ROUGES - Michael Powell & Emeric Pressburger

LES CHAUSSONS ROUGES - Michael Powell & Emeric Pressburger - 1948
LE RESULTAT DE LA FUSION DE L'ART AU REEL

726243184Une jeune danseuse est découverte par un célèbre impresario à la passion dévorante dévoreuse qui en fait la vedette d'un ballet crée spécialement pour elle : Les Chaussons Royges. Mais son mentor lui demande de sacrifier à sa carrière son amour pour un jeune compositeur.

« Je crois que la véritable raison de l'immense succès des Chaussons Rouges est la suivante : pendant dix ans on nous avait dit à tous d'aller mourir pour la liberté et la démocratie, et maintenant que la guerre était finie, les Chaussons Rouges nous disait d'aller mourir pour l'art. » Michael Powell

A sa sortie en Angleterre, les Chaussons Rouges intrigua plus qu'il ne combla, mais aux Etats-Unis ainsi qu'au Japon, le succès fut immense. Bien avant Ken Russell, l'Angleterre avait Michael Powell. Aux côtés du Narcisse Noir et des Contes d'Hoffmann, les Chaussons Rouges figure comme l'un des grands films du tandem britannique Michael Powell et Emeric Pressburger. Les Chaussons Rouges est l'occasion de faire une réflexion sur l'art en général et sur la danse en particulier, mais avant tout de faire un film à triple contenu : il s'agit de la genèse artistique d'un spectacle, d'un ballet ; mais aussi d'un grand drame psychologique de l'univers fermé et quasi-névrotique de la danse classique, d'une authenticité rarement atteinte et aux personnages décrits et fouillés avec précision, dessinés avec beaucoup de soin (mention spéciale au personnage de l'impresario Lermontov magistralement interprété par Anton Walbrook) ; ainsi qu'une réflexion sur l'art et les sacrifices qu'il impose. Lermontov est un homme à la passion étonnamment puissante puisque dévorante et dévoreuse, auto-destructrice et destructrice. Le riche et subtil portrait psychologique de ce personnage montre l'artiste perfectionniste dont l'obsession de la beauté l'autodétruit et le transforme en monstre mais détruit aussi autrui puisqu'il vient à confondre la vie réelle à l'art. Lermontov parvient jusqu'à identifier son étoile à l'héroïne des Chaussons Rouges. Il devient une sorte de monstre détruit mais compréhensible qui n'a que pour vie, la danse et la musique. Une passion artistique qu'aucune rationalité ne saurait appréhender. L'héroïne parvient elle à dissocier le réel et l'art mais, à plusieurs reprises, est tentée, pleine de contradictions, de les confondre et de se plonger totalement dans l'univers de l'art. Elle ne sait choisir entre son bonheur individuel (l'amour qu'elle porte pour le compositeur) et sa dévotion pour l'art. Durant toute sa vie, elle expérimentera ce conflit (voir la séquence finale où, au dernier moment, Victoria Page doit choisir entre rester avec Julian Craster ou Boris Lermontov) et ces deux vies qui ne peuvent entrer en adéquation pour finalement choisir la danse. Elle aura fait comme Lermontov le voulait : sa destinée est la même que l'héroïne des Chaussons Rouges. Mais le film se penche aussi sur l'élaboration d'un spectacle visuel et auditif, tel que le ballet, au temps de travail nécessaire à la création d'un tel spectacle où toute trace de construction devra disparaître derrière la beauté et la grâce. L'une des grandes scènes du film est la longue séquence du ballet (de 17 minutes) qui concentre toutes sortes d'effets et de procédés stylistiques pour créer un univers baroque et proche de l'onirisme afin de traduire la vision de la danseuse Victoria Page : jeu de la mobilité de la caméra pour rendre les mouvements d'appareils, élégants, la caméra virevolte et se met à danser avec ses personnages ; fondus enchaînés, surimpressions, montage elliptique, décors grandioses, utilisation du technicolor qui valut un Oscar pour le chef-opérateur Jack Cardiff en 1947 et qui aboutira à l'esthétique des Contes d'Hoffmann. Powell et Pressburger enchevêtrent les aspects dramatiques du récit, le vrai, aux aspects visuels, oniriques et baroques, qu'offrent les séquences de ballets. Mais le strict réalisme finit par baigner dans un profond fantastique puisque, petit à petit, le ballet investit la vie des personnages, l'art se fusionne dangereusement à la vie.

Critique écrite par Clémentine le 18 février 2007

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Commentaires
C
Je n'avais jamais entendu parler de ce film... c'est très vieux je crois, 1948 ?<br /> <br /> Je crois que je ne pourrais même pas le trouver dans les clubs vidéos près de chez moi... :-)
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